> Patrimoine > Histoire > La vigne à Port-Mort
La vigne a eu une grande importance à Port-Mort du Moyen-âge jusqu'au XIXe siècle
Preuve en est la quantité de vignerons par rapport à l'ensemble de la population pormortaise lors de l'inventaire de 1791. Sur 238 déclarations, 146 concernaient des habitants de Port-Mort et 14 d'entre eux n'ont pas indiqué leur profession. Les métiers de 132 propriétaires résidents sont donc connus : parmi ceux-ci, 88 vignerons et 2 tonneliers, métier intimement lié à la vigne.Au niveau des terres, nous pouvons étudier l'occupation par la vigne. Les surfaces se décomptaient en perches et en arpents. Ces mesures n'avaient pas partout la même valeur. En fait, nos ancêtres étaient pragmatiques, l'arpent était la surface qu'un homme pouvait labourer en une journée. Nous comprenons donc la variation de la valeur de celui-ci en fonction du relief et des terrains.
Sur les 2 315 arpents (1 183,4 ha) des terres de Port-Mort, la vigne occupait 149 arpents et 55 perches (76,45 ha) soit environ 6,5 % de la surface totale. Ces vignes se situaient en grande majorité sur les coteaux de la côte d'Annebault face à l'école, sur l'extrait du vieil atlas seigneurial nous pouvons y voir les parcelles caractéristiques des vignes, peu larges et longues. Nous y trouvons aussi une au nom de « Vigne des Curés de Pormort » .Dans les articles sur les quartiers d'antan, nous avons vu de nombreux témoignages de la vie autour de la vigne, le clos des celliers rue du port, le pressoir d'Annebault dans la grande rue, le pressoir de Châteauneuf en bas de la côte de la table.
► Extrait cadastral
La vigne occupa donc une grande partie de l'histoire de la commune de Port-Mort. C'est pour cette raison qu'elle a été retenue pour figurer sur le blason de Port-Mort.
Anciennes unités de mesure :
• Le pied utilisé en France correspondait à environ 326,596 mm avant 1668 et 324,839 mm entre 1668 et 1799, année de l'abolition de cette unité au profit du mètre. Retenons la valeur arrondie de 325 mm pour un pied.
• La perche d'arpent (dite des « des eaux et forêts ») valait 22 pieds, soit 7,15 m.
• La perche carrée d'arpent valait 22 pieds de côté (= 484 pieds carrés) soit 51,12 m², environ la moitié d'un are (100 m²).
• Un arpent carré (ou acre) valait 100 perches carrées soit 5 112 m², environ la moitié d'un hectare (10 000 m²).
Le Chemin des Vignes
Sur une aquarelle datant de 1899 découverte au fond d'un meuble l'auteur a peint une partie du chemin rural CR4 (ou CV4) dit « Chemin des vignes » qui longe le pied de la butte de la Catignolle puis de la côte d'Annebault et du bois d'Arconat.
L'auteur y a représenté Eugène CHERFY, dernier vigneron du vignoble de Port-Mort et l'on peut distinguer dans l'arrière plan à gauche, l'église de Port-Mort, et plus au loin, à droite de celle-ci, la Vieille tour de Châteauneuf.
L'auteur Delphin Lefebvre Dangereux avait rédigé une dédicace au dos de l'aquarelle dont nous vous donnons ci-dessous retranscription pour des raisons de lisibilité.
L'auteur y a représenté Eugène CHERFY, dernier vigneron du vignoble de Port-Mort et l'on peut distinguer dans l'arrière plan à gauche, l'église de Port-Mort, et plus au loin, à droite de celle-ci, la Vieille tour de Châteauneuf.
L'auteur Delphin Lefebvre Dangereux avait rédigé une dédicace au dos de l'aquarelle dont nous vous donnons ci-dessous retranscription pour des raisons de lisibilité.
Le chemin des vignes (6 h du matin)
« Permettez à l'auteur du Chemin des vignes de vous présenter le dernier vigneron d'un vignoble jadis le plus renommé de toute la Normandie (vignoble de Port-Mort). Notre vigneron Cherfy Eugène est descendant par sa mère Senégonde Lefebvre d'une famille de vignerons, les Lefebvre Dangereux, ainsi nommés sans doute parce qu'ils étaient de très braves gens.
Ce nom de Dangereux remonte probablement à l'époque de l'affranchissement des communes sous Louis Legros.
L'ancêtre de notre vigneron date de Louis XIV attendu qu'un de ses descendants Lefebvre Alexandre aujourd'hui maire de Port-Mort possède son épée ornée des attributs du Roi-Soleil. On nommait ainsi Dangereux l'officier du roi chargé du contrôle de l'impôt du danger, c'était la redevance que les seigneurs payaient au roi pour l'exploitation des forêts.
Le Dangereux ne payait plus la dîme et comme officier du roi n'était pas sous la domination des seigneurs. L'auteur a connu quatre frères, le plus jeune Honoré Lefebvre Dangereux aurait aujourd'hui cent dix ans s'il vivait, les autres étaient François Lefebvre, Nicolas Lefebvre et le grand père de notre vigneron Pierre Louis Lefebvre. »
Dédié à son cousin par l'auteur, petit fils d'Honoré,
Delphin Lefebvre Dangereux (Août 1899)
Retrouvez plus d'informations sur "Les Dangereux" dans le JPM N°.37 - juillet 2006 - page 11.