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La vie paroissiale à Port-Mort au XIXe siècle

Un document trouvé en brocante concernant une visite pastorale dans la paroisse de Port-Mort par l'évêque d'Evreux, Monseigneur Henri Marie Gaston de BONNECHOSE nous renseigne sur une partie de la vie de notre village à cette époque.

Transportons-nous donc en 1856.

L'église, placée sous le vocable de Saint-Pierre, se situe alors dans l'enceinte du cimetière actuel, au fond de celui-ci. Le cimetière actuel n'a donc pas changé de place, à l'exception de celui des enfants morts sans baptême et des non-catholiques, localisé de l'autre côté de la sente dite de Port-Mort au Mesnil (actuelle propriété LEHALLEUR).
L'église, décrite comme en assez bon état, a une longueur de trente quatre mètres et une largeur de onze mètres quarante cinq, chapelles non comprises. Elle dispose d'un clocher comportant trois cloches, ainsi qu'une sacristie attenante. A l'intérieur se trouvent trois autels dont un en mauvais état, les tableaux y sont décents et les statues non mutilées.
De l'autre côté de la rue Pointe Mulle se situe le presbytère avec un rez-de-chaussée en excellent état et un étage laissant à désirer. Une de ses pièces sert provisoirement d'école.
Le curé dit sa première messe journalière dans l'église paroissiale et bine dans la chapelle publique du château qui est en très bon état.

La paroisse est gérée par le conseil de fabrique depuis le 8 mars 1843, la fabrique possède tous les objets nécessaire au culte, ainsi que les bancs et les chaises. Son conseil se réunit en séance ordinaire au dimanche de la Quasimodo et le premier dimanche des mois de juillet, d'octobre et de janvier. Les marguilliers sont renouvelés annuellement.

Il y a dans le village une confrérie de la Sainte Vierge, composée de douze jeunes filles. Il existe dans la paroisse deux jours de procession. Le jour de la fête et celui de la translation des reliques de Saint Ethbin, deuxième patron de la paroisse, le premier étant Saint-Pierre.

Dans la suite du compte rendu de la visite pastorale, le prêtre fait des remarques concernant la conduite du maître d'école, celle-ci paraît très bonne, mais il est très difficile de se prononcer car le maître n'est dans la paroisse que depuis deux mois. Par contre la maîtresse d'école a "la conduite d'une bonne religieuse".
Il y a dans le village une sage-femme de "très bonne conduite" qui sait administrer le baptême.

Et les habitants ..?

Ils ne travaillent pas le dimanche à l'exception de ceux des mois de juillet et d'août. Cependant le curé se plaint que l'église n'est pas très fréquentée les dimanches chômés, surtout par les hommes bien que les cabarets soient fermés par la police locale durant les offices. L'autorisation de lever les récoltes n'est plus demandée.
Le curé regrette l'indifférence et l'indépendance de toutes lois religieuses. Lors des veillées, qui s'étalent de la Toussaint jusqu'au Carême, il n'y a plus aucune lecture pieuse et chant de cantiques. Au contraire ces veillées ne sont plus que des réunions de plaisirs et de danses où les parents ne paraissent pas prendre grande attention lorsque les enfants se retirent pour se coucher. Il y a même eu trois mariages purement civils !

Bref le début de la décadence, mais au fait pourquoi la dernière question du rapport est-elle en latin? Ne doit-elle pas être lue et comprise par le commun des mortels ?
" Quo loco, quo anno et quâ die nata est ancilia pastoris ? "
Ce qui signifie:
" De quel lieu, quel âge et quelle naissance est la servante du curé ? "
Mais rassurez-vous, à Port-Mort, la morale est sauve car " le curé a sa mère et n'a point de servante " !

Christian LORDI