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Les fabriques de Port-Mort

Les paroissiens étaient réunis en "fabrique", personne morale gérée par le conseil de fabrique, qui tirait de ses biens les revenus pour entretenir leur église et assurer le fonctionnement du culte. Nous trouvons aux Archives Départementales des baux de mises en location les terres des Fabriques auprès des Paysans locaux.

•  En 1790, la fabrique de St-Martin de Châteauneuf dont le trésorier se nommait Martin BREHAN, possédait 21 perches de labours, 12 perches 1/2 de prés et l'église de St-Martin.
•  La fabrique de Port-Mort dont le trésorier se nommait Marin BESSIN possédait 2 arpents 83 perches de prés, 45 perches de terres, 2 arpents 1 perche 1/2 de labours, le vicarial ( maison et jardin situés en face du cimetière, rue du Port ), l'église St Pierre et le cimetière.
•  Le Curé en charge de la communauté de Port-Mort possédait une maison presbytérale et autres bâtiments sur une surface de 72 perches, la maison en occupant 2 ( propriété rue Pointe Mule, face au cimetière ).

En l'an IV de la République (1795) les biens des deux fabriques, ainsi que ceux de celle d'Hennezis ( 52 perches de terre sur le Thuit ), et le presbytère furent confisqués par la Nation. Le presbytère et le vicarial furent cédés au citoyen JONNARD dit la Grâce de St Pierre de Bailleul, les autres biens vendus aux citoyens de Port-Mort : Thomas BESSIN, Nicolas ANGOT, Marin LOHY, Jean Pierre LOHY, François LAURENT, Thomas VIVIEN, Joseph LEFRANÇOIS.

De tous ces biens confisqués il restera à la commune de Port-Mort :

1. L'église de St-Martin de Châteauneuf, église construite avant l'an 1100, le long de la falaise son mur de gauche était constitué par la roche taillée verticalement, ses dimensions étaient approximativement de 15 par 8 m, le chœur de 5 sur 5 m. Elle fut restaurée après 1180 par les moines de Mortemer.
La dernière année du XIIe siècle, Philippe AUGUSTE fît construire au sommet de cette falaise surplombant l'église, un château fort appelé "Châteauneuf". Il y maria l'année suivante (1200) son fils, le futur Louis VIII à Blanche de Castille, futurs parents de St-Louis.
L'église fut laissée à l'abandon après la révolution; déjà en 1830 nous pouvons lire sur la matrice cadastrale, "Ancienne Chapelle". Les pierres durent suivre le même sort que celles du Château, pillées au fil du temps.
Du "Châteauneuf" il reste encore des ruines envahies par la végétation, et de l'église peut-être les fondations enfouies sous les éboulis de la falaise.
2. L'église St-Pierre de Port-Mort et le cimetière dont l'endroit n'a pas changé. L'axe de l'église était dirigé nord-ouest ; elle se composait d'une large nef et d'un chœur rectangulaire au sud-est duquel s'élevait la tour carrée du clocher, les fenêtres étaient des baies flamboyantes de style fin XVe siècle. L'église date du XVe, XVIe siècle, les vitraux réinstallés dans l'église actuelle sont du XVIe siècle, ils furent classés monuments historiques en 1907. Les bulletins de naissances mariages et sépultures de cette Paroisse, actuellement connus remontent à l'an 1683.
L'église St-Pierre fut détruite à la même époque que la construction de la nouvelle église (vers 1875), qui fut offerte en 1878 ainsi que le presbytère la jouxtant, à la commune de Port-Mort par le Comte et la Comtesse du Douet de Graville.

Le vicarial ainsi que des terres ayant appartenu à la fabrique de Port-Mort furent rachetés par Marie Clotilde de HAUTERRE, domestique de Monsieur le curé de Port-Mort, MARTIN, qui en fit légataire universel en 1816, la communauté des sœurs de la Providence en l'échange d'instruire "Gratis les enfants du sexe féminin des communes de Port-Mort et de Saintt-Pierre-sous-Bailleul".
De nos jours les sœurs de la Providence ont encore quelques biens en leur possession. Les murs de la maison du vicarial existent toujours mais tombent en ruine.

En 1830 la fabrique de Port-Mort avait repris forme avec un plus modeste patrimoine : 6 perches 1/4 de prés et 10 perches de labours; patrimoine enrichi en 1879 par la donation, suite à la construction de la nouvelle église, d'une rente annuelle de mille francs à 3 % sur l'État français par le Comte et la Comtesse du Douet de Graville.

En 1904 la fabrique de Port-Mort prend le nom de la fabrique paroissiale de Port-Mort.

En 1908 suite à la loi sur la séparation de l'église et de l'État (1905), les biens de la fabrique furent mis sous séquestre, mettant fin définitivement à l'histoire des fabriques de Port-Mort.

Ces biens seront restitués en 1910 au bureau de bienfaisance de la commune.


Christian LORDI